Masse officielle

L’utilisation de la masse remonte à des siècles de traditions au sein des parlements du Commonwealth britannique. Imprégnée de symbolisme et de cérémonial, la masse a d’abord été conçue pour protéger les rois et les reines, mais elle est devenue au cours des âges un symbole de respect envers nos institutions dirigeantes.

Les travaux de la Chambre ne peuvent se dérouler sans la masse, qui symbolise l’autorité de l’Assemblée législative et de son président. Les séances commencent avec l’entrée en Chambre du président et de la masse portée avec fierté et dignité par le sergent-d’armes qui la dépose sur un support spécial situé au centre de la Chambre et l’y reprend une fois la séance levée.

Les Territoires du Nord-Ouest reçurent leur première masse en 1956 du très honorable Vincent Massey, alors gouverneur général du Canada. La masse originale est l’oeuvre de neuf artistes inuits de Cape Dorset, collectivité qui fait aujourd’hui partie du Nunavut. Sous la direction du célèbre James Houston, les artistes travaillèrent pendant 21 jours pour créer une oeuvre magnifique fabriquée de cuivre natif, de fanons de baleine, de défense de narval, de corne de boeuf musqué, d’or de Yellowknife, de piquants de porc-épic et de chêne récupéré de l’épave du HMS Fury, navire à bord duquel l’explorateur britannique Sir William Parry se rendit dans l’Arctique. La masse mesure 1,7 mètre de long et pèse 15 kilogrammes.

À la fin des années 1950, le Conseil des Territoires du Nord-Ouest siégeait dans diverses collectivités du Nord et il transportait la masse avec lui. On se rendit cependant vite compte qu’à force de la manipuler, de la déplacer d’un endroit à l’autre et de lui faire subir des changements de température et d’humidité, les matériaux naturels de la masse s’étaient grandement abîmés. C’est pourquoi, après trois courtes années, on la remisa en lieu sûr pour protéger la valeur inestimable de son passé historique. Aujourd’hui, elle est exposée en permanence au Centre du patrimoine septentrional Prince de Galles à Yellowknife.

Une réplique plus durable fabriquée en laiton plaqué or remplaça la masse originale. Cependant, question de rappeler sa conception originale, on en conserva certains matériaux délicats, comme la défense de narval, la corne de boeuf musqué et les piquants de porc-épic. De 1959 à 1999, les séances de l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest se déroulèrent toutes en présence de cette réplique. 

Le 1 er avril 1999, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut devinrent deux territoires distincts. La même année, l’Assemblée législative des TNO demanda à trois artistes de renom de concevoir et de créer une nouvelle masse qui serait à l’image des nouveaux Territoires du Nord-Ouest.

Surnommés les « Flocons de neige », Bill Nasogaluak, Dolphus Cadieux et Allyson M. Simmie entreprirent la conception la plus élaborée et la plus exceptionnelle de l’histoire de la fabrication de masses. Ces trois artistes avaient déjà travaillé ensemble à la réalisation de divers projets et ils comptent des exemples de leurs remarquables talents en peinture, sculpture et métal oeuvré exposés un peu partout dans le monde. Mêlant leurs talents, leurs bagages culturels, leurs connaissances artistiques et les précieux conseils de quelques grands orfèvres canadiens, ils ont réalisé un chef-d’oeuvre d’une valeur artistique inestimable pour la population des Territoires du Nord-Ouest.

Fabriquée principalement d’argent et de bronze pour en assurer sa durabilité, la masse mesure 1,5 mètres de long et pèse 12 kilogrammes.

La tête de la masse scintille d’un arrangement élaboré de cristaux de glace donnant l’impression d’un seul gros flocon de neige tridimensionnel. Le choix du flocon de neige, élément omniprésent dans le Grand Nord, repose sur ses caractéristiques exceptionnelles. En effet, sa structure cristalline à six côtés lui donne une forme tout à fait particulière et pourtant il n’y en a pas deux pareils. La couronne en forme de flocon de neige symbolise autant la force et la diversité des peuples des Territoires du Nord-Ouest que leur sentiment commun d’appartenance à un nouveau territoire en cette ère nouvelle. Elle symbolise aussi le respect que les habitants ténois vouent depuis des générations envers la monarchie britannique.

Enfouie dans la couronne, une sphère en or représente une foule de symboles particuliers au Nord - le soleil de minuit, le cercle de la vie et le monde auquel nous appartenons tous. Un arrangement de deux bandes d’argent entrecroisées surplombe la sphère et rappelle non seulement un ulu, un tipi et une maison, mais également les communautés culturelles des TNO: les Inuvialuits, les Dénés, les Métis et les nombreux non-Autochtones de partout dans le monde qui ont choisi d’élire domicile dans les Territoires du Nord-Ouest. Sur le sommet de l’arrangement brille un diamant de 1,3 carat provenant de la première mine de diamants du Canada. Il s’agit aussi d’un des tout premiers diamants à avoir été taillés au premier centre de taillage et de polissage de diamants des TNO

Juste au-dessous de la couronne, sur une bande d’argent, la devise « Ensemble, nous faisons un » est gravée dans les dix langues utilisées aux TNO : le chipewyan, le cri, le dogrib, le gwich’in, l’esclave du Nord, l’esclave du Sud, l’inuvialuktun, l’innuinnaqtun, l’anglais et le français. Sous la bande se trouve l’impressionnante tête de la masse composée de six faces fabriquées de marbre à stromalites provenant des rives du Grand Lac des Esclaves. Incrustées d’argent, les six faces comptent des scènes de la faune et des cultures des TNO sculptées en haut-relief et en alternance à la verticale et à l’horizontale.

Directement sous la tête, une bande de broderie perlée rappelle un tissu typique de la région du Delta. La broderie perlée est une forme d’art pratiquée par les Dénés et les Métis et le tissu du Delta est un art traditionnel de tissage pratiqué par les Inuvialuits de la région du delta du Mackenzie près d’Inuvik. Rosie Firth, une aînée de Fort McPherson, est la créatrice de la broderie perlée aux couleurs vives.

Le manche rappelle une défense de narval stylisée coulée dans le bronze. Bien qu’au Canada le narval vit davantage au Nunavut, il fut convenu d’inclure dans la nouvelle masse des Territoires du Nord-Ouest une reproduction de la défense de narval trouvée dans les anciennes. Il s’agit également d’une marque de respect envers notre histoire en tant que législature et envers nos liens avec le Nunavut. Autrement dit, c’est une façon de ne pas oublier le passé.

Des décorations de piquants de porc-épic - un autre élément du patrimoine des Dénés et des Métis - garnissent le milieu du manche. Hautes en couleurs, ces décorations sont l’oeuvre de Sarah Hardisty, une aînée de Jean Marie River.

Le pied de la masse est un bloc d’argent à six côtés sculptés en bas-relief. En faire le tour donne une vue d’ensemble des paysages des Territoires du Nord-Ouest défilant du Nord au Sud.

La caractéristique la plus frappante de la masse, et sans contredit celle qui la distingue vraiment de toute autre masse, est le son qu’elle produit. En effet, quand on la bouge, un son évoquant celui d’un bâton de pluie s’en échappe. Ce son magique est produit grâce à de minuscules cailloux recueillis dans les trente-trois collectivités des TNO et insérés à l’intérieur du manche, entre le pied et la bande portant la devise. Ajoutons que pour obtenir la tonalité voulue, il a fallu diviser l’intérieur du pied en cinq compartiments et y insérer douze pointes en bronze, sciemment inclinés à 30 o. Ce son envoûtant représente l’harmonie des voix de la population et le rôle de l’Assemblée législative.

Le support de la masse est fabriqué en marbre blanc, question de rappeler la neige très présente dans la vie des habitants du Grand Nord, et agrémenté d’images sculptées du puissant fleuve Mackenzie et des deux principaux lacs des TNO, le Grand Lac des Esclaves et le Grand Lac de l’Ours. À eux trois, ils constituent la principale source de subsistance du territoire et de ses habitants, du delta du Mackenzie près de l’océan Arctique jusqu’aux célèbres chutes du Pélican à Fort Smith.

Fabriquées en argent et en or de Yellowknife, des images de la fleur territoriale, la dryade à feuilles entières, ornent le support. Des fragments de la « plus vieille roche du monde » entourent les fleurs. La roche, trouvée sur une île de la rivière Acasta près du Grand Lac de l’Ours, date de 3,962 millions d’années. Finalement, trente-trois pépites d’or provenant de la mine Con à Yellowknife sont incrustées entre les images des deux lacs. Formant un cercle, les pépites représentent la force et l’unité des trente-trois collectivités des TNO.